Démarche artistique
J'ai plusieurs préoccupations lorsque j’entreprends un tableau.
D'abord, et à ce titre, je ne dois pas être bien différent de beaucoup d'autres artistes : je veux être fier de mon travail. J'essaie de me faire plaisir à moi-même en produisant des œuvres d'une facture qui me plaît. De cette première préoccupation découlent toutes les autres. Je fais le pari que si le produit final me satisfait, il plaira également au public à qui il s'adresse.
Pour séduire l'auteur tout autant que l’observateur (l’amateur, le contemplateur, le spectateur...bref, celui qui regarde!), ma prémisse est qu'un tableau, quel que soit la manière dont il est exécuté, peu importe la technique employée, le médium utilisé ou le thème développé, doit posséder une valeur esthétique indéniable.
Pour atteindre cet objectif de séduction, ou à tout le moins parvenir à attiser l'intérêt du «spectateur», j'estime que l'objet artistique (le tableau) doit également posséder une valeur communicative intrinsèque.
La raison d'être de la peinture se trouve en elle-même dit-on; elle est une fin en soi. Cependant, à quoi bon peindre dans une perspective artistique très rigoureuse si, en bout de ligne, monsieur et madame public se désintéressent de ce qui apparaît sur la toile. Pour ma part, j'ai pris parti de ne pas compter uniquement sur une émotion subjective pour capter cet intérêt. Je donne aussi des repaires, je suggère le sens que j'ai voulu donner au tableau.
Par le biais de la peinture, j'essaie donc de communiquer des émotions et de faire passer un message. Je le fais cependant toujours avec le souci d'apporter une véritable contribution artistique. C'est pourquoi, au niveau de l'exécution, je m'applique à développer un style qui m'est tout à fait personnel et qui présente une certaine forme d'originalité par sa facture, souvent, mi-abstraite mi-figurative. Dépendamment de la réceptivité du «spectateur», ou de l'angle duquel il se place pour les examiner, mes tableaux apparaîtront, en effet, à la fois figuratifs et abstraits. Du moins c'est l'un de mes objectifs.
Ainsi, bien que je la veux figurative pour les raisons exprimées plus haut, ma peinture est à deux niveaux car elle fait, au surplus, toujours appel à une certaine forme d'abstraction qui apparaît sur le tableau.
J'obtiens ce résultat en peignant des taches et de grandes lignes courbes qui prennent souvent l’aspect d’une calligraphie au lieu de donner de simples coups de pinceaux. En prime, cette technique donne un aspect fort dynamique. Également, j'évite de faire des fondus de couleurs privilégiant plutôt la réalisation des contrastes désirés par l'application en couches successives de la peinture (possible lorsque je peins à l’acrylique) ou en étendant côte à côte les différentes teintes de pâtes, huile et acrylique. Finalement, je tente d'obtenir un équilibre, le plus parfait possible, tant au niveau de la complémentarité des couleurs utilisées que de leur disposition dans la composition du tableau. C'est par une utilisation rigoureuse de toutes ces techniques, dans une même œuvre, que le cachet que je désire lui conférer apparaît et que son intérêt se révèle.
Pour résumer, je dirais que je tente, de diverses manières, d'attirer l'attention du «spectateur». Je lui tends, pour ainsi dire, des pièges. Un amateur trouvera de l'intérêt à l'un de mes tableaux tout simplement parce qu'il le trouve agréable à contempler ou techniquement bien réalisé, un autre (ou le même) sera attiré par le message véhiculé ou parce que le thème fait appel à ses propres émotions. Pour un autre, ce sera la valeur artistique en tant que tel du tableau, sa facture, son exécution. Bref, je veux que le «spectateur», peu importe sa formation ou ses connaissances artistiques, ne soit jamais démuni devant mon œuvre.
Mais je désire tout autant que celui qui est en mesure de pousser l'analyse plus loin que le simple « spectateur » puisse apprécier la valeur artistique de mon œuvre et comprendre la démarche qui la soutien. Ma peinture se veut foncièrement démocratique; il y en a pour tous les goûts. Ultimement, c'est ce qui la caractérise.
Victorien Pilote
****************
Parcours professionnel
À la fin de mes études, j'ai pratiqué la profession d'avocat au sein de ma propre étude légale. Puisque je considérais l’exercice du droit comme un prolongement de l'implication sociale que j'ai toujours manifestée, j'ai développé une expertise dans les domaines liés au droit social: famille, programmes sociaux, logement.
Deux ans plus tard, je délaissais graduellement la pratique privée du droit pour occuper, à plein temps, un poste d'agent de griefs pour la plus importante association étudiante de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) (près de 16 000 membres). J’ai exercé ces fonctions pendant trois ans ; par la suite, j’ai tenté l’expérience de me consacrer entièrement à la peinture. Nous étions en 1997: l’année de ma «fameuse» exposition au Palais de justice de Montréal.
Compte tenu d’un bouleversement majeur dans ma situation familiale, le besoin de disposer d’un revenu plus «régulier» s’est cependant imposé au bout d’une année. C’est ainsi qu’on me retrouve ensuite au poste de Coordonnateur du Regroupement Autonome des Jeunes du Québec (le célèbre RAJ!). À plein temps jusqu’à tout récemment, je n’ai guère pu me préoccuper du développement de ma carrière artistique. Donc, pas d’exposition pendant cette période.
Mais une passion refoulée finit toujours par ressurgir... actuellement je ne suis plus employé qu’à temps partiel et je compte bien profiter du temps dont je dispose désormais pour relancer, pour de bon cette fois, ma carrière de peintre. Dans les prochains mois, je consacrerai l'essentiel de mes énergies à l’atteinte de cet objectif et au développement de mes habiletés artistiques.
L'histoire d'une passion
Depuis la petite enfance, j'avais toujours eu un intérêt et une aptitude particulière pour le dessin. Je me souviens avoir souvent sollicité mes parents pour qu'ils me procurent le matériel nécessaire pour peindre. Malheureusement, ces derniers, qui tiraient le diable par la queue, n'ont jamais satisfait à cette demande.
Ce n'est finalement qu'en cinquième secondaire que j'ai eu la chance de donner mon premier coup de pinceau sur une toile. Un cours d'initiation à la peinture à l'huile était alors offert et, comme le matériel nécessaire était fourni aux étudiants, je n'allais pas louper le coche. Je me suis donc inscrit à ce cours où l'on m'a enseigné les rudiments du mélange des couleurs, le dessin en perspective, les techniques de base . . . et j'ai produit quelques toiles qui furent mises en exposition avec les travaux de mes collègues. Lors du vernissage, on souligna l'originalité de ma production et je réalisai même quelques ventes. Par la suite, j’ai gagné le «Méritas annuel» de l'école, dans la catégorie peinture.
Emballé par ce «succès», et maintenant bien équipé pour exercer mon art, j'étais déterminé à continuer de peindre. Pour diverses raisons, j'ai cependant refoulé cette passion afin de me consacrer à des études et des activités qui correspondaient davantage à mes besoins de l'époque. Si bien que, dans les années qui ont suivi, je n'ai produit que peu de toiles.
La résurgence est venue vers la fin de 1991 alors que j'ai découvert la peinture acrylique. Dès ce moment, je me suis rendu compte que ce n'était pas par manque d'intérêt que je n'avais pas persisté mais bien davantage à cause de la difficulté du médium utilisé jusqu'alors. La peinture à l'huile avait, en effet, fini par me lasser: le temps de séchage, les odeurs, etc. Je mettais souvent des mois à compléter un tableau qui, à la fin, ne m'intéressait plus. Je voulais peindre plus vite pour peindre davantage, ce qui correspondait mieux à mon tempérament.
Quand j'ai commencé à travailler à l'acrylique, non seulement j'ai pu effectivement produire plus d’œuvres, mais j'ai également considérablement amélioré ma technique et mon propos. Ce fut une révélation et ... un re-départ!
Victorien Pilote
Lors de l'exposition d’oeuvres récentes au Palais de justice de Montréal (17 au 28 février '97), on a tenté d'empêcher la présentation d'un tableau sous prétexte qu'il pouvait susciter la controverse. Et bien, controverse il y a eue! Le refus de l’artiste à se plier à cet ordre de censure a fait l'objet d'une couverture médiatique sans précédant. On aura peut-être compris que la liberté d'expression ne protège pas uniquement le discours commercial (Re: Jugements de la Cour suprême du Canada sur la constitutionalité de la Charte de la langue française (loi 101) du Québec)!
Liste partielle des médias ayant couvert l'événement:
Les 19 et 20 février 1997:
Le 6 mars 1997:
Le signe " * " indique les médias dans lesquels une entrevue a été accordée.